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15 août 2005

K is for Kaos (chic, c'est bientôt la rentrée)

Nous rentrons actuellement dans ma période favorite de l'année, lorsque les gens sont encore en vacances mais qu'on commence à ressentir une certaine agitation fébrile à l'approche de la rentrée. Comme si tout le monde ressentait dans l'atmosphère qu'il est imminent qu'il se passe quelque chose. On ne sait pas encore quoi, ni si ce sera bien ou mal, mais en tout cas ce sera excitant. C'est cette sensation d' imminence qu'une amie et moi avons nommé, il y a maintenant longtemps déjà, le Facteur K (sic). Ce concept évoque beaucoup de choses pour moi. Toutes les soirées passées avec l'amie en question, dans le garage d'un autre pote, au cours des quels nous nous "faisions chier comme des rats morts". Ils ne pouvaient pas comprendre, les autres, ils étaient tous en couple, et s'adonnaient à leur grande passion, le jeu de rôle. Mais D. et moi ne nous plaisions pas assez pour les imiter, et j'étais déjà bien blasé du JdR, dont les limites m'apparaissaient maintenant assez clairement (pourquoi gaspiller son énergie créative à fuir la réalité, alors qu'il est possible de l'utiliser pour la transformer ?). Notre principale activité consistait donc à se vautrer dans notre ennui tout en attendant ces moments de grâce, lorsque l'espace d'une soirée ou d'une heure, la machine à ressentir s'emballait et que tout semblait possible... le Facteur K daignait enfin montrer le bout de son nez. Au fil des années, la signification de la chose s'est étoffée. Mes lectures de Paul Auster et son obsession pour le hasard et les coïncidences ont fait du Facteur K le héraut de l'évènement improbable, comme lorsque l'on est prêt à tuer pour une clope, et qu'un paquet à moitié plein est abandonné devant soi dans une station de métro. D'autres références artistiques sont pour moi indissociables de cet ami de toujours: un poème, l'introduction des Fleurs du Mal, Au lecteur. Ainsi que tous ces groupes punks qui ont associé ennui, pulsion sexuelle et rage adolescente: Stooges, Ramones, Buzzcocks... et même Superbus, dont tous les textes tournent autour de ces thèmes ! Puis vint le 11 septembre, manifestation suprême du Facteur K, qui se révélait enfin dans toute sa rage et sa puissance dévastatrice. Le prix fut lourd à payer, mais il fallait bien ça pour mettre fin à deux décennies d'ennui. Ce jour là, devant la télé, en compagnie des deux personnes qui étaient en train de devenir les deux personnes les plus importantes de ma vie, j'ai pleuré... Pour toutes ces victimes qui étaient ma famille et qui avaient perdu la vie, mais aussi parce que je savais que plus rien ne serait jamais pareil, que l'humanité était entrée dans l'ère du CyberPunk, et qu'à choisir je préférais encore le Nouveau Monde à l'Ancien. Quelques mois plus tard, deux chansons, New York City Cops des Strokes et Whatever Happened To My Rock'n'Roll de BRMC, devenaient les hymnes de cette révolution: une page était tournée... Quatre ans plus tard, l'enthousiasme n'est plus aussi fort. Cette nouvelle vague rock ressemble fort à une britpop mondialisée. Tout ce que j'ai toujours aimé semble destiné à être affadi par la récupération commerciale, la pop sucrée s'est transformée en aspartame. Surtout, mes deux compagnons semblent bien décidés à se complaire dans leur mal de vivre, et les serments d'amitié ont fait place aux déchirures mesquines. Que sont devenu Andy, Claire, et Dag, les trois héros de Génération X ? Peu importe, je me suis toujours battu pour eux, je continuerai. D'autant plus que cette rentrée 2005 s'annonce riche en évenements, en ce qui concerne la musique en tout cas. Les HushPuppies, Dionysos et les Warlocks vont assurer la bande-son. Sans parler de ce concert des Transplants, avec les Hellboys en première partie ! Je suis impatient de voir ça. Et si je suis impatient, c'est que le Facteur K est là.
Au lecteur La sottise, l'erreur, le péché, la lésine, Occupent nos esprits et travaillent nos corps, Et nous alimentons nos aimables remords, Comme les mendiants nourrissent leur vermine. Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches; Nous nous faisons payer grassement nos aveux, Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux, Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches. Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste Qui berce longuement notre esprit enchanté, Et le riche métal de notre volonté Est tout vaporisé par ce savant chimiste. C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent ! Aux objets répugnants nous trouvons des appas; Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas, Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent. Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange Le sein martyrisé d'une antique catin, Nous volons au passage un plaisir clandestin Que nous pressons bien fort comme une vieille orange. Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes, Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons, Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes. Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie, N'ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins Le canevas banal de nos piteux destins, C'est que notre âme, hélas ! n'est pas assez hardie. Mais parmi les chacals, les panthères, les lices, Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents, Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants, Dans la ménagerie infâme de nos vices, Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde ! Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris, Il ferait volontiers de la terre un débris Et dans un bâillement avalerait le monde; C'est l'Ennui ! - l'oeil chargé d'un pleur involontaire, Il rêve d'échafauds en fumant son houka. Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat, - Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère !
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